« Il est convenable chose et naturele, et reson le requiert, que l’an ait fraig foible et le plus leger que l’an puet avoir. Après soit oins le mors du fraig d’un poi de miel, ou d’aucune austre chose douce. Et si, comme j’ai dit, le fraig doit estre dous et legiers et faibles, pour ce que, quand le fraig fait mains moleste au cheval et a la bouche du cheval, tant le prendra il plus voulantiers des en avant, et plus legeremant, et pour la douçour qu’il aura santue, siques il le retendra plus voulantiers une autre foiz. Après ces choses, puis que le poulain receit voulantiers le fraig et sanz nule force, l’an le doit conduire a la main, le matin et le soir, de ça et de la, par aucuns jours, juques tant que li poulains aille tres bien après celui qui le maine. (Jordanus Ruffus, De Medicina Equorum, Mareschaucie de chevaux, traduction française vers 1300, mise en forme réalisée par Brigitte Prévot in : La Science du cheval au moyen-âge, éd. Klincksieck, 1991).

L’équitation de tradition française n’est pas le produit d’une génération spontanée, mais, au contraire, celui d’une longue et progressive évolution des pratiques lourdes de la chevalerie occidentale et de la guerre à cheval vers des pratiques allégées par les apports orientaux en provenance du monde arabe. Les Croisades ne sont pas étrangères à cette métamorphose. Byzance a servi d’interface entre l’équitation arabo-perse et l’équitation européenne. Aragon a porté la pratique de la genette. Les deux se sont superposés à l’enseignement de Xénophon recueilli par les écuyers napolitains du 16^ème siècle. La présence à Naples de chevaux aptes à recevoir des procédés nouveaux constitue, bien évidemment, un atout-maître dans la mutation observée.

Le triomphe de la science hippiatrique précède la victoire de la nouvelle équitation. Pendant plus de deux siècles, de savants maréchaux ont préparé le terrain de l’explosion des savoir-faire des écuyers napolitains du 16^ème siècle.

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S’agissant de l’emploi du cheval domestique, il semble que tout commença il y a bien longtemps, à la fin du Néolithique, du côté de l’aire culturelle de Botaï, au Nord du Kazakhstan actuel. Les chevaux étaient alors capturés pour l’alimentation humaine en lait et en viande. Mais rapidement, l’homme sut tirer partie du potentiel de portage et de traction du cheval et se mit à le monter ou à l’atteler. Le cheval se retrouva dès lors dédié à la guerre, portant archers et lanciers ou tractant les chars de combat. On en est là lorsque Cyrus le Jeune demande l’assistance d’Athènes dans la lutte armée contre son frère Artaxerxès II. Et c’est l’Anabase.

L’Histoire de Xénophon est connue. De son œuvre écrite, plus encore que son rapport sur la retraite et le retour vers la Grèce des Dix-Mille, les cavaliers d’aujourd’hui retiendront surtout l’Hipparque et l’Art Équestre.

Le premier de ces livres comporte les conseils du vieil écuyer à un jeune commandant de cavalerie. On en retiendra essentiellement les passages qui concernent la formation du cavalier (chap. 1) et les devoirs du commandant (chap. 6). La traduction que je préfère est celle de Pierre Chambry (Les Helléniques : Xénophon, Œuvres complètes, Flammarion,‎ 1967 (Livre VII, Ch. I).

La seconde œuvre, c’est l’Art Équestre. Il s’agit d’un véritable traité d’équitation détaillant les principes de l’éducation et de l’emploi du cheval dressé. Ma traduction préférée est celle d’Edouard Delebecque, Les Belles Lettres, 1978).

L’auteur de ces deux ouvrages meurt vers 355 avant J-C. Et tombe en désuétude…

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I. Naples de « Stupor mundi », entre Occident et Orient

Il faudra attendre l’essor de l’Université de Naples, sous Frédéric II de Hohenstaufen, alias Stupor mundi (1194-1250), empereur des Romains et héritier des trônes de Germanie, de Naples & Sicile et de Jérusalem, ainsi que quelques bonnes conjonctions historiques pour retrouver la trace du traité d’équitation de Xénophon.

L’empereur passait pour l’ami des arabes. Il en parlait la langue. Il avait autrefois noué des liens solides en Palestine, lors de sa croisade victorieuse. Revenu en Europe, il avait poursuivi des relations suivies avec le sultan d'Égypte Al-Khamil avec qui il signa un traité, et se lia d’amitié personnelle avec l'émir Fakhreddin, l’envoyé du sultan.

Depuis l’an 1000 environ, à l’occasion des Croisades, un afflux massif de sang oriental avait été injecté aux races chevalines européennes. Le résultat fut, aux douzième et treizième siècles, l’apparition d’une race de chevaux légers et vifs, très utilisés pour la chasse au faucon, de laquelle Frédéric II et l’aristocratie de son temps étaient très friands. L’empereur encouragea fortement l’élevage équin et fut ainsi le premier promoteur d’une race locale particulièrement appréciée sous la dénomination plus tardive (quinzième siècle) de coursier napolitain. La dynastie angevine tout comme l’aragonaise conduisirent la même politique et le cheval napolitain fut ainsi longtemps exporté dans tous les pays voisins

Un hippiatre (vétérinaire équin) du nom de Jordanus Rufus de Calabre (alias Giordano Rufo ou Rosso, alias Jourdain Ruf, alias Jordàn Rubio), né vers 1200, à Gerace, sinon à Monteleone di Calabria, se trouvait au service de Frédéric II en qualité de haut justicier et grand écuyer (marescallus major). On connaît assez mal sa biographie. On sait qu'il aurait été fait seigneur de Montecassino en 1239 (source Haskins et Kantorowicz) et qu'il hérita plus tard de la seigneurie de Valle di Crati (source Yvonne Poulle-Drieux). La tradition rapporte en sus qu'il aurait combattu dans les troupes impériales contre le prince de Tarante et qu'à cette occasion, fait prisonnier par les sbires de Manfred, on lui aurait crevé les yeux. Sa mort est postérieure à 1256. Vers 1250 probablement, il composa en latin de medicina equorum, un ouvrage de médecine hippiatrique qui fut traduit en français vers 1300 et en de nombreuses autres langues (italien, espagnol, allemand, provençal et même hébreux...). Une transcription du manuscrit français, intitulé Mareschaucie de chevaux, est réalisée par Brigitte Prévot (ouvr. cité, ed. Klinsieck, 1991).

On retiendra de cet ouvrage, structuré en six parties (dont, seule, la dernière concerne les maladies des chevaux), que c’est la première fois qu'une nomenclature des maladies, la description de chacune d’elles, un moyen de diagnostic et un traitement sont regroupés sous la même reliure. Cela fit le succès de l’œuvre et de ses multiples traductions et rééditions jusqu’au 16^ème siècle.

La première partie concerne la conception et la naissance du poulain.

La seconde partie couvre les soins prodigués au jeune cheval et à son éducation.

La troisième partie traite du débourrage, mais aussi du harnachement et du matériel requis pour monter

La quatrième partie est consacrée à des conseils permettant de déterminer les qualités et les faiblesses d’un cheval.

La cinquième partie, la plus importante, traite des différentes maladies équines dites « naturelles ».

Enfin, la sixième partie évoque les maladies « accidentelles » du cheval avant de proposer une nomenclature de toutes les maladies ou blessures pouvant atteindre le cheval ainsi que des traitements adéquats.

La méthodologie de Rufus consiste à procéder par énoncé thématique des maladies et de leurs traitements par partie anatomique de l’animal, du haut vers le bas : maladies internes, maladies liées à la tête ; lésions du tronc, des membres, du jarret, du genou, du sabot.

Rufus fait une analyse précise de chaque partie du corps : détermination des symptômes et localisation de la douleur ; recherche des causes de la douleur ; nom de la maladie dont s’agit ; remède capable de traiter le mal à la source.

Les remèdes et traitements proposés par Rufus favorisent les cautérisations et la saignée, avec recours aux remèdes à composantes végétales, animales ou minérales. Il exclut (et c’est nouveau pour l’époque) toute médecine religieuse ou magique.

À Naples, vieille possession byzantine et grand centre d’échange entre le monde occidental et le monde arabo-maure oriental, où le cheval constitue un agent socio-économique de première importance, on s’apprête à l’enregistrement définitif de connaissances nouvelles.

La ville connaît un essor substantiel au 13^ème siècle.

Frédéric II décida d’y créer un studium (lo studio), ou université, afin que ses sujets n’aient plus, pour faire des études, besoin de payer de coûteux voyages et séjours en terres étrangères et puissent poursuivre leurs études sous la surveillance de leurs parents. En même temps, l’empereur, en fondant ainsi, en 1224, la première université laïque et d’Etat du monde, se donnait l’opportunité de disposer lui-même d’un grand nombre de personnes hautement cultivées et instruites, surtout en droit.

Des croisades, on avait rapporté les écrits d’Aristote conservés par les arabes. Pierre d’Irlande, professeur au Studium dans les années 1240-1260 fut le maître du jeune Thomas d'Aquin (1225-1274) et lui enseigna la philosophie d’Aristote. Le chrétien Thomas d'Aquin va de la sorte tenter de faire la synthèse de la philosophie d'Aristote et du christianisme. Il influencera profondément la scolastique, doctrine qui dominera la philosophie occidentale jusqu'au 17^ème siècle, époque où le système s'effondrera avec la naissance des sciences expérimentales. Sa rencontre avec Albert le Grand (1206-1280) est déterminante : il devient son disciple. Ensemble, ils travaillent sur Aristote et le commentateur arabe de celui-ci, Averroès. De ces études poussés découlera un certain nombre de traités de sciences naturelles. Nous retiendrons ici de animalibus qu'Albert le Grand signa et publia en 1258 et qui comprend dix-neuf livres rapportant les données antiques et de sept livres qui sont les fruits de ses observations et de ses enquêtes auprès de chasseurs, fauconniers, baleiniers, etc.

Le traité animalier de l’évêque de Ratisbonne fit grand bruit et révolutionna la conception de l’animal et son rapport à l’humain. Il déclenche une manière nouvelle d’approcher les animaux, en leur conférant une place au soleil à côté de l’homme qui, jusqu’alors, occupait seul le centre de l’attention des scolastiques, essentiellement parce qu’il était «façonné à l’image de Dieu».

La vogue des écrits d’Aristote qui avait submergé l’université de Naples à partir du 13^ème siècle est à l’origine de l’intérêt tout particulier que la Renaissance portera, deux siècles plus tard, à la négation de l’anthropocentrisme et à la redécouverte de la nature et des animaux, sur laquelle s’appuieront des écuyers comme Newcastle, par exemple. Et toute l’époque de la Renaissance sera ainsi marquée par ce refus de l’anthropocentrisme et par cette attention affirmée portée à la nature et au monde animal. Il est vrai que l’on commençait timidement à quitter alors «les ténèbres moyenâgeuses» qui, attribuant aux animaux les mêmes facultés cognitives qu’à l’homme, avaient été le théâtre de nombreux procès faits aux bêtes pour «comportement diabolique». L’animal était sujet de droit, tout comme l’homme, parce que l’on considérait en droit canon la conséquence de l’acte et non l’acte en lui-même : en 1226, un porc fut brûlé vif à Fontenay-aux-Roses pour avoir dévoré un jeune enfant. Le procureur Jean Duret écrit encore en 1673, alors que le Moyen-âge était évanoui : «Si les bestes ne blessent pas seulement, mais tuent ou mangent, la mort y eschet, et les condamne-t-on, à estre pendues et estranglées pour faire perdre mémoire de l'énormité du faict». En application de ce principe, dès qu'un animal commettait un méfait, l'autorité compétente se saisissait de la cause. Le délinquant était incarcéré…, procès-verbal était dressé, et l'on se livrait à une enquête très minutieuse. Le fait étant bien établi, l'officier du ministère public requérait la mise en accusation de l'inculpé… et l’animal était jugé lors d’un procès en bonne et due forme.

L’enseignement d’Albert le Grand et de Thomas d’Aquin renversèrent cette vision ancienne de l’animal et replacèrent celui-ci à la place que les Grecs antiques lui avaient précédemment donnée, notamment à travers les écrits d’Aristote, lui-même auteur d’un traité animalier intitulé Περὶ τὰ ζῷα ἱστορίαι (Perì tá zỗa historíai). On construisait de la sorte le socle d’un développement de l’art équestre que le 16^ème siècle voudra parfaire avec la générations d’écuyers italiens d’exception initiée par Federico Grisone, Cesare Fiaschi, Claudio Corte, Pasqual Caracciolo, Ottaviano Siliceo, Marco de Pavari, le délicieux Hippolyte Bonacossa et les autres, moins connus, dont, parfois, les œuvres ne nous sont point parvenues.

Qui dit université, dit culture et étude, mais aussi développement de leurs vecteurs que sont les langues. Le latin était évidemment la langue savante de tous les jours. Mais à Naples, ancienne capitale d’un duché byzantin autonome, aucune personne de qualité ne pouvait ignorer le grec. L’empereur le parlait. Les monastères le cultivaient et l’enseignaient. Les universitaires le pratiquaient tous les jours. Au Studium, on épluchait Aristote et quelques autres illustres philosophes et scientifiques antiques comme Platon ou Héraclite d’Éphèse, Thalès de Millet et Pythagore, Hippocrate de Cos et Archimède, Ératosthène et Euclide, etc… Les écrits de Xénophon y étaient connus. On les consultait dans leur version originelle.

Tout comme le grec, l’arabe était une langue connue au Studium de Naples. Tout particulièrement Abu al-Walid ibn Rushd, alias Averroès (1126-1198), médecin et philosophe arabe mérite une mention spéciale : ses commentaires de l’œuvre d’Aristote étaient à l’honneur dans la chrétienté d’Albert de Grand et de Thomas d’Aquin.

Tout ce que l’on avait pu collecter des œuvres des hippiatres grecs et arabes se trouvait compilé, revisité, voire tout simplement recopié sur parchemin et servira plus tard de référence bibliographique aux œuvres des 15ème et 16ème siècles. On se souvient, bien évidemment, de la stèle d’HAMOURRABI, conservée au Musée du Louvre, ainsi que du papyrus vétérinaire de Kahûn, détenu par le British Museum : ces deux documents, décrivent des soins prodigués à des animaux vers le 19ème ou 18ème siècle avant J-C. Toutefois, le premier traité d’hippiatrie, gravé sur tablettes d’argile, peut sans conteste être attribué à Kikkuli le Mitannien, qui a vécu sous le règne du roi hittite Soupilioulouma 1er, au 14ème siècle avant J-C. Les Grecs n’ont guère laissé d’œuvre hippiatrique. On trouve quelques indications dans les Fragments de Simon d’Athènes ou dans les traités d’équitation de Xénophon. Dans son histoire des Animaux, Aristote parlera de la podagre (goutte), de l’ileus (colique), du tétanos, de la krithiasis (indigestion d’orge), de la possession (fureur), de la douleur cardiaque, du déplacement de la vessie, de l’ingestion du staphylin (abdomen du scorpion) et de la morsure de la musaraigne (à laquelle on attribuera des effets nocifs jusqu’à la fin du 18^ème siècle de notre ère). Toutefois, il convient de signaler APSYRTE (né vers 300 après J-C) et HIÉROCLÈS (vers 400 après J-C) comme faisant partie des plus consultés par les maréchaux hippiatres du Moyen-âge.

Au contraire, Rome et Carthage produisirent des écrits hippiatriques en quantité. Le de mulomedicina de VÉGÈCE, rédigé au tournant des 4^ème et 5èmesiècles de notre ère, a servi de référence à toute l'hippiatrie du Moyen-âge et tout particulièrement à RUFUS.

Celui-ci semble avoir connu également des hippiatres byzantins ou arabes tels que HIPPOCRAS le Syrien (ou le Perse), alias HIPPOCRATES Indicus (vers 550 de notre ère) dont le livre (44 chapitres, par région, dont 12 sur l'appareil locomoteur (membres et pieds) a été traduit de l’arabe au latin par MOISÈ de Palerme au 13^ème siècle : Liber Ipocratis de infirmitatibus equorum et curis eorum ou Liber Ypocratis sapientissimi de curationibus infirmatum equorum ; puis en italien sous le titre Libro delle malattie dei Cavalli e loro rimedi ou Trattato di Mascalcia, Florence, 16^ème siècle. (cf. à ce sujet LECLAINCHE, 1955 : I, 172). De même l’hippiatre byzantin Cassus Bassus Scholasticus (7^ème siècle de notre ère) étaitr probablement connu à Naples au Moyen-âge.

Enfin, toute une kyrielle d’hippiatres arabes auraient pu servir de référence aux professionnels de Naples. On pourrait citer, sans que cette liste soit nullement exhaustive : Honein ben Ishaq al Ibâdi, alias Johannitius, médecin du Calife Al Muttawakkil, qui nous laisse le Livre de la science vétérinaire (903) et le Livre sur le caractère des animaux. Ou encore : Mohammed Abû Yûssuf ibn Yaqûb Ibn AHIHIZÂM al-HUTTULÎ (2^ème moitié du 9^ème siècle), fils du chef des écuries et vétérinaire du calife al-MU‘TADHID : Kitâb al-furûsîya wa-l-baitara, ou Kitâb al-hail wa-l-baitara, livre de l'art équestre et vétérinaire, influencé par les hippiatres grecs, syriens, persans, et indiens, écrit vers 895. 30 chapitres. Notamment l'ophtalmologie y est remarquablement développée. Ou enfin AVICENNE Ibn SINNÂ (Boukhara, 980-1037), qui a écrit 43 ouvrages de médecine, dont le célèbre El Kanoun fi etteb, et un Traité des sciences comprenant une partie vétérinaire proche d'ARISTOTE, laquelle sera traduite pour FRÉDÉRIC II à sa demande expresse.

Et cependant, fort curieusement, dans le traité de Jordanus RUFUS, rien ne paraît emprunté aux Arabes. Le grand écuyer de Frédéric II semble avoir trouvé l’essentiel de son inspiration chez VÉGÈCE et le mulomedicina chironis, 4^ème siècle : 10 livres dont les 9 premiers traitent du cheval et les 2 derniers aussi du bœuf, des petits ruminants et du porc) ainsi que, très certainement, dans son expérience personnelle.

Dernières conjonctions événementielles : l’équitation orientale fait son entrée en Europe occidentale par la porte de Naples ; l’invention de l’imprimerie, au 15^ème siècle permettra la diffusion des recherches hippiatriques et hippiques des maréchaux et écuyers implantés à Naples depuis fort longtemps.

L’envoi à Naples, par l’empereur de Byzance Michel IV le Paphlagonien d’une escouade d’écuyers de sa cavalerie personnelle à l’effet de renforcer l’enseignement de l’équitation dans l’armée ducale napolitaine. L’affaire remonte à 1134. Sept écuyers byzantins, rompus à l’équitation orientale et arabe vinrent transmettre à l’Europe, par l’intermédiaire de Naples, un héritage équestre vieux de plusieurs millénaires. Le message ne passe pas de suite. Il faudra plusieurs siècles avant que les cavaliers européens en tirent avantage. C’est pourtant un événement de première importance, qui a permis la rencontre d’une équitation venue d’Asie occidentale, tout à la fois de guerre et d’esthétique, avec la lourde pratique, sans finesse ni subtilité, des chevaliers d’Occident, laquelle sera assouplie également, un peu plus tard, par l’apport aragonais et mauro-espagnole de l’équitation à la genetta, lorsque Hohenstaufen aura cédé le royaume de Naples à Aragon.

Soulignons encore qu'en ces temps-là, les livres circulaient en la forme de feuillets manuscrits copiés, parfois recopiés sur parchemins. Leur prix était prohibitif ; leur détention ou possession limitée à quelques privilégiés et aux structures abritant les moines copistes.

Tout va changer au siècle suivant. Frédéric II, « l’Antéchrist », meurt en 1250. Après les Vêpres Siciliennes (1282), le royaume de Naples, officiellement appelé royaume de Sicile péninsulaire, est dévolu à Charles d’Anjou, chassé de Sicile insulaire par Pierre III d’Aragon. L’Espagne ne se contentera pas de la Sicile. En 1442, le roi Alphonse V d’Aragon conquiert Naples et donne naissance au royaume des Deux-Siciles. Mais à sa mort, le royaume est à nouveau divisé et Naples échoit à Ferdinand, le bâtard d’Alphonse V.

À la même époque, en 1454 (date valide du moins pour l’Europe), l’imprimerie, ce moyen mécanique de multiplier à l’infini les exemplaires d’un même livre, est née, du côté de Strasbourg, par le savoir-faire d’un certain Johannes Gutenberg. Les applications de cette invention se répandirent comme le feu sur une trainée de poudre. Le livre est subitement accessible à tous. Il devient par conséquent intéressant, y compris économiquement parlant, d’écrire et de faire éditer. Les hippiatres ne s'en priveront pas; les écuyers non plus.

Tout était réuni, à la fin du 15^ème siècle pour le plus grand essor de l’art d’employer et de celui de soigner le cheval.

LES PIONNIERS DE L'E.T.F.

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