2015 : LES VRAIES PRIORITES DANS LA DEFENSE DE L'EQUITATION DE TRADITION FRANCAISE
La thématique annoncée pour les secondes Rencontres de l’équitation de tradition française (2015) est celle de la "Recherche" – sous-entendue "recherche scientifique" autour des pratiques équestres traditionnelles. Ainsi, une fois encore, nous n’aurons su nous départir du grand travers de la culture française qui consiste à tout conceptualiser à outrance en introduisant la catégorie cartésienne dans la moindre de nos démarches intellectuelles.
Descartes est mort ! Et le cheval n’est pas cette pure mécanique qu'il décrivait dans sa lettre au marquis de Newcastle. Le cheval est, bien au contraire, un être particulièrement sensible, dont les facultés cognitives, que nous découvrons progressivement, méritent une étude bien plus détaillée que l’analyse, même approfondie, de ses seules facultés locomotrices.
Sans réfléchir plus avant, j’ai envie de crier que le cheval se moque éperdument de nos efforts de rationalisation aussi longtemps qu'ils n’aboutissent pas, très concrètement, à l’établissement de règles générales, applicables dans son emploi quotidien, avec une amélioration significative de la relation établie par son cavalier.
Au regard de nos engagements vis-à-vis de l’Unesco, si je résume bien la situation, nous avons commencé par dire, aussi fort que possible, que notre intention, en requérant l’inscription de l’équitation de tradition française sur la liste représentative du patrimoine culturel de l’Humanité, était de souligner le lien privilégié que nos écuyers entretenaient avec leurs chevaux en visant l’harmonie de leur relation et en bannissant toute idée de forcement coercitif.
Et j’avais cru comprendre naïvement qu'il fallait adhérer à ce principe premier, lequel allait régir le comportement du cavalier, interdire à celui-ci tout abus dans l’emploi du cheval et le conduire à réfléchir au renoncement définitif de tout effet de coercition ou de surexploitation, notamment à l’occasion des compétitions sportives.
J’avais cru, subséquemment, que la priorité des priorités était l’adoption d’une charte éthique mettant en exergue les orientations souhaitables et stygmatisant sans retenue les dérives plus particulières de l’emploi du cheval de compétition.
Mais il semble, selon les docteurs auto-proclamés de la matière, qu'avant de dire comment employer un cheval proprement et sans le dégrader, il faille faire de longues recherches scientifiques. Soit ! Mesurons tout ; expérimentons ; tergiversons encore ; évitons encore les vrais problèmes. Je n'ai vraiment rien contre la recherche, quelque soit son champ de préoccupation ou d'application. Mais n’oublions pas de tout entreprendre pour que le temps consacré à ces recherches soit bénéfique au cheval et ne se traduise pas en pure perte au niveau de son mieux-être.
Car nous savons aujourd’hui régler nos comportements en fonction des capacités d’endurance physique et psychique de nos chevaux. Le tout est de le vouloir. Il n’y a donc pas lieu à instaurer des moratoires… ou autres excuses dilatoires.