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EQUITATION ESSENTIELLE
25 décembre 2014

LES MANQUEMENTS DU JUGE DE LA COMPÉTITION ÉQUESTRE

Il est acquis depuis toujours que l’enfermement d’un cheval nuit à son intégrité physique et morale. Tous les cavaliers soucieux du bien-être de leurs chevaux le savent et prennent garde de conserver le chanfrein de leur monture en avant de la verticale pour éviter toute espèce de maltraitance.

Lorsque le couple est en représentation sous l’œil de ses juges, le cheval est parfaitement innocent ; mais le seul responsable des errements constatés n’est pas le cavalier. C’est devenu une grande pitié que d’assister à une compétition de dressage moderne : plus les chevaux s’enferment, trottent du genou en tapant des antérieurs, fouillent de la queue, écument… et laissent traîner leurs postérieurs loin derrière eux, plus les notes des juges augmentent, frisent, voire dépassent les 90%.

De deux choses l’une : ou bien c’est cette équitation parfaitement artificielle et traumatisante pour le cheval qui devient la vitrine de la compétition équestre, ou bien… les juges sont parfaitement incompétents et leur permissivité devient le signe d’une totale incapacité à faire respecter un minimum d’éthique sur les terrains de concours.

On a beau essayer de me convaincre : je ne crois absolument pas à la thèse, si souvent soutenue par les partisans du ramener outrancier, selon laquelle « les jeunes chevaux se placent naturellement (ou doivent se placer) en position de LDR / bas et rond car cela leur permet de porter plus facilement le cavalier, et renforce la musculature de leur dos ». Cette assertion est archifausse dans l’immense majorité des cas.

En 2010, un article signé Paul D. McGreevy & alii et intitulé « Over-flexing the horse ‘s neck : a modern equestrian obsession » (Journal of Veterinary Behavior, Clinical Applications and Research, Juillet-août 2010, Volume 5, n° 4, pages 180-186) avait condamné sans appel tous les moyens de coercition qui tendaient à ramener le chanfrein du cheval derrière la verticale en se fondant sur des études scientifiques rigoureuses.

La revue en ligne « Cheval-Savoir », dans son n° 59 de décembre 2014, revient sur le sujet, sous la plume d’Amélie Tsaag Valren titrant « Dressage de compétition : deux scientifiques s’expriment », à propos d’un nouvel article co-signé par le Pr Andrew Mc Greevy et le Dr Utah König von Borstel. Les deux chercheurs, membres du « Consensus on Research in Equitation Science » (ISES) s’appuient sur les travaux d’analyse du Dr Morgan Lashley et de son équipe, entrepris à partir de vidéogrammes et autres documents enregistrés pendant un grand nombre de compétitions internationales de dressage entre 1992 et 2008.

La conclusion la plus alarmante de cette étude est que « au fil du temps, les chevaux de dressage sont apparus de plus en plus enfermés et limités dans leurs actions du balancier tête-encolure… : 69% des chevaux de dressage internationaux sont dans ce cas de figure en 2014 ».

Mc Greevy et Borstel en concluent que « Le temps est venu pour les organismes du cheval de sport de montrer qu’ils ouvrent la voie, afin qu'ils soient suivis par d’autres autorités, telles que le Comité International Olympique. Dressage, concours complet et saut d’obstacles sont uniques en ce qu'ils sont les seuls sports qui utilisent des animaux au niveau olympique. Comme tels, ils doivent être en mesure de répondre aux préoccupations concernant le bien-être des animaux. La FEI n’a pas besoin d’un sous-comité (un sous-comité dédié à la protection du cheval a été dissous en 2009), mais d’un comité plénier consacré au suivi et aux avancées dans le bien-être du cheval. Les chevaux méritent un tel comité qui dirige plutôt que d’imposer, qui déploie les nouvelles technologies pour aider les juges, qui s’assure que des principes sains sont considérés comme sacrés, et qui assure à chacun que le bien-être des athlètes équins est vraiment primordial ».

 

Il me semble que la Communauté Tradition Equestre Française se doit de souscrire à cette conclusion dans la mesure où l’équitation de tradition française recommande à tout cavalier d’instaurer avec son cheval une relation d’harmonie de laquelle est exclue toute forme de coercition qui serait de nature à provoquer « une souffrance accrue du cheval de compétition ».

Conformément aux engagements que nous avons pris auprès de l’Unesco, nous pensons que l’une des formes les plus appropriées à l’emploi du cheval dans ces conditions est la liberté du balancier tête-encolure. Nous croyons aux vertus du relâchement des muserolles trop serrées. Nous partageons la crainte des scientifiques de l’ISES en ce qui concerne l’aggravation quasi-exponentielle des abus du dressage de compétition. Et nous mettons les juges français en garde contre toute complicité malsaine avec les méthodes actuelles de la FEI et ses critères de jugement.

 

Bernard Mathié ©

 

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